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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Syrie, et Jéhu roi d’Israël, en leur manifestant vos volontés par l’organe du prophète Élie ; qui avez également répandu l’onction sainte des rois sur la tête de Saül et de David, par le ministère du prophète Samuel, répandez par mes mains le trésor de vos grâces et de vos bénédictions sur votre serviteur Napoléon, que, malgré notre indignité personnelle, nous consacrons aujourd’hui empereur en votre nom. » Pie VII n’étant encore qu’évêque d’Imola avait dit en 1797 : « Oui, mes très chers frères, siate buoni christiani, e sarete ottimi democratici. Les vertus morales rendent bons démocrates. Les premiers chrétiens étaient animés de l’esprit de démocratie : Dieu favorisa les travaux de Caton d’Utique et des illustres républicains de Rome. » Quo turbine fertur vita hominum ?

Le 18 mars 1805, l’empereur déclare au Sénat qu’il accepte la couronne de fer que lui sont venus offrir les collèges électoraux de la République cisalpine[1] : il était à la fois l’inspirateur secret du vœu et l’objet public du vœu. Peu à peu l’Italie entière se range sous ses lois ; il l’attache à son diadème, comme au XVIe siècle les chefs de guerre mettaient un diamant en guise de bouton à leur chapeau.

  1. Napoléon, dans ce discours du 18 mars, prononça des paroles que sa conduite devait singulièrement démentir : « … Le génie du mal cherchera en vain des prétextes pour mettre le continent en guerre. Ce qui a été réuni à notre empire, par les lois constitutionnelles de l’État, y restera réuni. Aucune nouvelle province ne sera incorporée dans l’Empire… Dans toutes les circonstances et dans toutes les occasions, nous montrerons la même modération ; et nous espérons que notre peuple n’aura plus besoin de déployer ce courage et cette énergie qu’il a toujours montrés pour défendre ses légitimes droits. »