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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

avec elle les consciences ; chacun alors crut devoir s’expliquer.

M. Dupin aîné publia sa discussion ; M. Hulin, président de la commission militaire, parla ; M. le duc de Rovigo entra dans la controverse en accusant M. de Talleyrand ; un tiers répondit pour M. de Talleyrand, et Napoléon éleva sa grande voix sur le rocher de Sainte-Hélène.

Il faut reproduire et étudier ces documents, pour assigner à chacun la part qui lui revient et la place qu’il doit occuper dans ce drame. Il est nuit, et nous sommes à Chantilly ; il était nuit quand le duc d’Enghien était à Vincennes.


Lorsque M. Dupin[1] publia sa brochure, il me l’envoya avec cette lettre :

  1. André-Marie-Jean-Jacques Dupin, dit Dupin aîné (1783-1865), représentant aux Cent-Jours, député de 1827 à 1848, membre de l’Assemblée Constituante de 1848 et de l’Assemblée législative de 1849, sénateur du second Empire (27 novembre 1857) ; procureur général à la Cour de cassation, d’août 1830 à janvier 1852. Il donna sa démission de ce dernier poste pour ne pas s’associer aux décrets qui prononçaient la confiscation des biens de la famille d’Orléans, mais cinq ans après, il acceptait d’être renommé procureur général, en même temps qu’il était appelé au Sénat impérial. Il était membre de l’Académie française depuis le 21 juin 1832. Ses Mémoires (4 vol. in-8o) ont paru de 1865 à 1868. — La brochure de M. Dupin, à laquelle se réfère Chateaubriand, fut publiée en 1823 sous ce titre : Pièces judiciaires et historiques relatives au procès du duc d’Enghien, avec le Journal de ce prince depuis l’instant de son arrestation ; précédées de la Discussion des actes de la commission militaire instituée en l’an XII, par le gouvernement consulaire, pour juger le duc d’Enghien, par l’auteur de l’opuscule intitulé. « De la Libre Défense des accusés. »