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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

la mer, si retournerois-je par deçà. Adonc fut Bertrand payé de l’argent du pape, et ses gens de rechief absous, et ladite absolution primière de rechief confirmée. »

Les voyages transalpins commençaient autrefois par Avignon, c’était l’entrée de l’Italie. Les géographies disent : « Le Rhône est au roi, mais la ville d’Avignon est arrosée par une branche de la rivière de la Sorgue, qui est au pape. » Le pape est-il bien sûr de conserver longtemps la propriété du Tibre ? On visitait à Avignon le couvent des Célestins. Le bon roi René, qui diminuait les impôts quand la tramontane soufflait, avait peint dans une des salles du couvent des Célestins un squelette : c’était celui d’une femme d’une grande beauté qu’il avait aimée.

Dans l’église des Cordeliers se trouvait le sépulcre de madonna Laura : François Ier commanda de l’ouvrir et salua les cendres immortalisées. Le vainqueur de Marignan laissa à la nouvelle tombe qu’il fit élever cette épitaphe :

En petit lieu compris vous pouvez voir
Ce qui comprend beaucoup par renommée :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ô gentille âme, estant tant estimée,

Qui te pourra louer qu’en se taisant ?
Car la parole est toujours réprimée,
Quand le sujet surmonte le disant.

On aura beau faire, le père des lettres, l’ami de Benvenuto Cellini, de Léonard de Vinci, du Primatice, le