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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

cédèrent mutuellement leurs droits ou prétentions. Claude, fille d’Anne et de Louis XII, qui devint femme de François Ier, laissa en mourant le duché de Bretagne à son mari. François Ier, d’après la prière des états assemblés à Vannes, unit, par édit publié à Nantes en 1532, le duché de Bretagne à la couronne de France, garantissant à ce duché ses libertés et privilèges.

À cette époque, les états de Bretagne étaient réunis tous les ans : mais en 1630 la réunion devint bisannuelle. Le gouverneur proclamait l’ouverture des états. Les trois ordres s’assemblaient selon les lieux, dans une église ou dans les salles d’un couvent. Chaque ordre délibérait à part : c’étaient trois assemblées particulières avec leurs diverses tempêtes, qui se convertissaient en ouragan général quand le clergé, la noblesse et le tiers venaient à se réunir. La cour soufflait la discorde, et dans ce champ resserré, comme dans une plus vaste arène, les talents, les vanités et les ambitions étaient en jeu.

Le père Grégoire de Rostrenen, capucin, dans la dédicace de son Dictionnaire français-breton[1], parle de la sorte à nos seigneurs les états de Bretagne :

  1. Rostrenen (Grégoire de), capucin et prédicateur. Le savant éditeur de la Biographie bretonne, M. Paul Levot, n’a pu découvrir ni la date et le lieu de sa naissance, ni la date et le lieu de sa mort. Il est l’auteur du dictionnaire paru en 1732 à Rennes, chez l’imprimeur Julien Vatar, sous ce titre : Dictionnaire françois-celtique ou françois-breton, nécessaire à tous ceux qui veulent traduire le françois en celtique, ou en langage breton, pour prêcher, catéchiser et confesser, selon les différents dialectes de chaque diocèse ; utile et curieux pour s’instruire à fond de la langue bretonne, et pour trouver l’étymologie de plusieurs mots françois et bretons, de noms propres de villes et de maisons.