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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

s’assemblait, délibérait, protestait ; les communes ou municipalités s’assemblaient, délibéraient, protestaient en sens contraire. L’affaire particulière du fouage, en se mêlant aux affaires générales, avait accru les inimitiés. Pour comprendre ceci, il est nécessaire d’expliquer la constitution du duché de Bretagne.

Les états de Bretagne ont plus ou moins varié dans leur forme, comme tous les états de l’Europe féodale, auxquels ils ressemblaient.

Les rois de France furent substitués aux droits des ducs de Bretagne. Le contrat de mariage de la duchesse Anne, de l’an 1491, n’apporta pas seulement la Bretagne en dot à la couronne de Charles VIII et de Louis XII, mais il stipula une transaction, en vertu de laquelle fut terminé un différend qui remontait à Charles de Blois et au comte de Montfort. La Bretagne prétendait que les filles héritaient au duché ; la France soutenait que la succession n’avait lieu qu’en ligne masculine ; que celle-ci venant à s’éteindre, la Bretagne, comme grand fief, faisait retour à la couronne. Charles VIII et Anne, ensuite Anne et Louis XII, se

    des qui ne le perdaient pas de vue. Son frère, le comte de Brienne, ancien ministre de la guerre, l’étant venu voir, on arrêta le ci-devant comte, et, du même coup, l’archevêque, les trois Loménie ses neveux, dont l’un son coadjuteur, et Mme de Canisy, sa nièce. Ils devaient tous, en vertu d’un ordre du Comité de sûreté générale, être conduits le lendemain à Paris. Le lendemain au matin, quand on entra dans la chambre de l’archevêque, on le trouva mort. (Voir les Mémoires de Morellet, tome II, p. 15.) — Le comte de Loménie de Brienne ; ses trois neveux, l’abbé Martial de Loménie, François de Loménie, capitaine de chasseurs, Charles de Loménie, chevalier de Saint-Louis et de Cincinnatus ; sa nièce, Mme de Canisy, furent guillotinés tous les cinq, le 21 floréal an II (10 mai 1794).