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Sa figure reflète une âme généreuse,
Seul il peut adoucir la crise douloureuse
Où par un coup du sort nous nous trouvons jetés
Presque tous, ô mon Dieu ! sans l’avoir mérité.

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L’ANGE DE LA PRISON[1].


Tout ressent en ces lieux son aimable influence,

Elle ouvre au prisonnier courbé sous la souffrance
Un nouvel horizon,
Cet ange, on l’a nommé !… c’est une autre Marie,

 Du proscrit délaissé, c’est la mère chérie,
L’ange de la prison.


Vous vous étonnez, Madame, que je puisse vous louer, vous qu’on a nommé l’ange de la prison ! Je sais bien que je vais blesser votre modestie. Ce que j’ai fait, dites-vous, est si naturel, à quoi bon le rappeler ? Eh ! c’est ce qui fait votre mérite, c’est que le bien vous a paru si naturel que vous l’avez fait sans ostentation. La violette ne sait pas combien est doux le parfum qu’elle exhale dans l’obscur sentier ; ainsi vous ignorez vous-même le bien que vous avez fait aux prisonniers, le bonheur que votre agréable présence leur causait.

Oh ! soyez toujours heureuse épouse, heureuse mère !

Vous portez le doux nom de Marie et vous êtes digne d’être la fille de la mère des anges.

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L’INTERROGATOIRE.


Impassible comme la loi dont il est l’organe,
le magistrat, s’élevant au-dessus de toutes
considérations, ne voit d’abord dans l’accusé
qu’un malheureux jusqu’à ce que des preuves
claires et précises lui signalent un coupable.


Après de nombreuses démarches de ma femme et de mes amis, j’avais obtenu d’être interrogé. Le 30 juin, à six heures du matin, un agent de police vint me chercher pour aller à la préfecture subir cet interrogatoire si impatiemment attendu.

On nous assure que plusieurs interrogatoires se sont bornés à ce dialogue :

Le juge d’instruction. Pourquoi avez-vous été arrêté ?

Le prévenu. Je n’en sais rien.

Le juge d’instruction. Ni moi non plus.

  1. Mme Ledoux, née Marie Bouvard.