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à la mer et s’enfonce ensuite brusquement dans le Nord, les Missionnaires, d’accord, du reste, avec les habitants des provinces frontières, ont révélé l’existence d’une forêt immense, à arbres séculaires, où le tigre de Tartarie et toutes les familles de fauves abondent : les traditions de l’Empire ont rendu cette forêt vénérée pour les Chinois. C’est là que depuis des siècles, à certaines époques de l’année, les Empereurs font leurs grandes chasses ; c’est là aussi qu’à un temps donné, l’Europe pourrait trouver, pour ses escadres des Mers de Chine, du Japon et de Cochinchine, une mine inépuisable de bois de construction ; mine que les Chinois auraient, de leur propre aveu, exploitée depuis longtemps déjà, malgré la vénération traditionnelle, si les moyens de transport, sur leurs jonques aux proportions insuffisantes, ne leur avaient manqué. Je reprends nos aventures.

Dès que les cavaliers tartares, placés en vedettes sur les devants du camp et observant tous nos mouvements, eurent deviné, à la direction que nous prenions, que notre intention était de percer jusqu’à la Grande Muraille, ils se lancèrent sur nous au galop de leurs petits chevaux, frères de ceux de l’Ukraine ou du Caucase, et commencèrent à parlementer avec notre interprète. Leur préoccupation première se traduisit par cette question plusieurs