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18, 19 octobre.

D’après la conversation que j’ai eue hier chez le résident hollandais avec des hommes froids et sérieux qui connaissent tous les replis d’un terrain qu’ils pratiquent depuis des années, la prostitution au Japon a, sous certains rapports, un caractère essentiellement social : et si, d’une part, conséquence naturelle de la différence des religions, des mœurs et des institutions, ce caractère vient porter atteinte, au premier chef, aux principes élémentaires de notre code de morale civilisée, de l’autre il offre, avec les sociétés antiques, des points de rapprochement frappants : j’entre dans quelques détails.

Au Japon, par tout l’Empire, les prostituées forment une catégorie sociale, nombreuse, imposante et distincte, sur laquelle la société japonaise ne fait rien peser du mépris de nos sociétés européennes. Dès Page de six à huit ans, une fille est susceptible d’être vendue ou plutôt d’être louée, en vertu d’un contrat reconnu par la loi, à la condition, toutefois, que cette fille servira une rente à sa famille pendant la durée de l’engagement que cette