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Il y a plusieurs siècles, vivait, sur les frontières du Thibet, une femme très-jeune, très belle, mais très-dissolue de mœurs ; si dissolue, que de ses désordres, qui avaient duré nombre d’années, elle avait en de nombreux enfants, tous ou paresseux ou cruels ; puis, un jour, inspirée d’en haut et honteuse de ses fautes, elle s’était repentie, avait contracté un mariage légitime, et, de cette union, étaient issus d’autres enfants non moins nombreux ; mais ceux-ci, comme récompense divine, tous laborieux et doux.

Plus tard, tous ces enfants, les mauvais comme les bons, sont allés chercher fortune hors du sol natal. Les fils de la courtisane se sont établis dans un pays voisin nommé Tien-Hia : ce sont les Chinois ; les fils de la femme légitime ont passé la mer et ont abordé dans une île grande et riche nommée Nipon, où ils ont prospéré : ce sont les Japonais.

« Et, depuis lors, a ajouté le poëte, nous les repoussons de notre famille, comme nous les repoussons de nos côtes. »

En effet, mais, bien entendu, par d’autres motifs d’un ordre plus positif, cette fiction a des points frappants de réalité pratique : ainsi, le Japon se refuse à tout commerce avec la Chine, et c’est sous le coup des