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les législatures coloniales se concerter pour prendre toutes les mesures qui pourraient le mieux assurer l’heureuse transition de l’apprentissage à la liberté définitive.

Le docteur Lushinngton. Le docteur Lushinngton croyait avoir entendu dire que le système d’apprentissage, auquel, s’il fallait en croire lord Stanley, il serait insensé de toucher, n’avait passe qu’à la majorité de sept voix. Mais l’acte même récemment rendu pour forcer les législatures coloniales à l’exécution de l’acte du 28 août 1833 n’était-il donc pas la condamnation de ce système ? Après avoir réfuté quelques assertions émises dans la discussion, l’orateur, répondant à ceux qui repoussaient la motion en l’absence d’une loi des pauvres, déclara que, examen fait de l’application des lois de charité dans quelques-unes des colonies, il avait trouvé que, sur cent personnes recevant des secours, il y avait quatre-vingt-huit blancs et seulement douze noirs.

Lord J. Russell. Lord John Russell se plaisait à reconnaître que les nombreuses pétitions dont il croyait de son devoir de combattre le vœu avaient été inspirées par les sentiments d’une véritable piété. Il savait respecter de tels sentiments, et il se persuadait qu’il ne s’y mêlait aucune préoccupation, aucune vue de parti. Mais, non moins convaincu que, si l’assemblée intervenait pour limiter la durée de l’apprentissage il en résulterait une irritation funeste à la cause de l’émancipation, il ne pouvait s’empêcher de rejeter sur les partisans de cette mesure la responsabilité de leur vote.

L’assemblée, très-nombreuse, repoussa la motion à la majorité de soixante et douze voix[1].

  1. Hausard’s parliamentary debates, 1838, vol. XLIII, colonnes 375 à 430.