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parer la population noire à la liberté. Cette assertion était contraire aux faits, qui, tous, déposaient en faveur des noirs émancipés. Le blâme n’était mérité que par ceux-là qui avaient éludé l’exécution de l’acte d’abolition de l’esclavage, et par le gouvernement qui, malgré l’article 44, avait payé l’indemnité avant de s’être assuré de l’exécution efficace de cet acte. S’adressant à l’assemblée, il s’écria, avant de se rasseoir, qu’elle aurait à rendre compte à ses commettants, à Dieu et à sa propre conscience, d’avoir toléré une telle abomination.

Lord Stanley. Lord Stanley qui, se trouvant, en 1833, chargé de diriger le département des colonies, avait présenté et soutenu l’acte d’abolition de l’esclavage, prit la parole. — Il pouvait s’étonner de ce que le préopinant avait loué l’auteur de la motion de s’en être tenu au principe, en négligeant l’application. Cette manière de procéder permettait, sans doute, au sentiment et l’inspiration de se donner libre carrière mais, avant de céder à un tel extrêmement, des hommes politiques devaient soigneusement examiner les difficultés que la meilleure théorie pouvait rencontrer dans la pratique. Il est vrai que M. O’Connel ne s’était pas montre heureux dans l’examen des faits : tous ceux par lui cités dans une précédente séance avaient été positivement contredits. Ce n’était pas le moment de discuter la question d’une manière générale. Il demandait seulement qu’il lui fût permis d’affirmer que, dans son opinion, si la liberté sans restriction eût été accordée aux noirs en 1832, la sécurité des colonies des Indes occidentales eût été compromise, ainsi que le bonheur des noirs eux-mêmes. L’orateur se félicitait donc d’avoir, comme conseiller de la Couronne, fait adopter