Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/93

Cette page n’a pas encore été corrigée

et s’apporte de dehors ; nous preferons l’art à la nature, nous fermons en plein midi les fenestres, et allumons les chandelles. Ceste faute et folie vient d’une autre, qui est que nous n’estimons poinct les choses selon leur vraye et essentielle valeur, mais selon la monstre, la parade et le bruict. Mais encore nous la foulons aux pieds, la desdaignons, et en avons honte, pour faire valoir la ceremonie, et la loy de civilité, que nous nous sommes forgez : ainsi l’art emporte la nature ; l’ombre nous est plus que le corps ; la mine, la contenance, plus que la substance des choses. Pour n’offenser la ceremonie, nous couvrons et cachons les choses naturelles ; nous n’osons nommer, et rougissons au son des choses que nous ne craignons aucunement de faire, et licites et illicites ; nous n’osons dire ce qui est permis de faire, nous n’osons appeller à droict nos propres membres,