Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/92

Cette page n’a pas encore été corrigée

vulgaires, parlant comme un paysan, une femme, fournit des preceptes et reigles de bien vivre, et des remedes contre tous maux, tels, si forts et vigoureux, que tout l’art et science du monde ne sçauroit inventer ny y arriver. Mais non seulement nous ne la croyons, escoutons et suyvons, comme porte le conseil des sages ; mais encore (sans parler de ceux qui, par la violence des vices, desbauches, volontez trop desreiglées et perverses, l’estouffent, esteignent tant qu’est en eux sa lumiere, mortifient ses semences) nous eschivons tous à elle, nous la laissons dormir et chomer, aymans mieux mendier ailleurs nostre apprentissage, recourir à l’estude et à l’art, que de nous contenter de ce qui croist chez nous. Nous avons un esprit brouillon, qui s’ingere de maistriser et gouverner par-tout, et qui se meine à nostre poste, desguise, change et brouille tout, veust adjouster, inventer, changer, et ne se peust arrester à la simplicité et naïfveté, ne trouve rien bon s’il n’y a de la finesse et de la subtilité : (…). Et puis nous avons ce vice, que nous n’estimons poinct ce qui croist chez nous, nous n’estimons que ce qui s’achepte, ce qui couste