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ont induict à les faire. Quelquesfois elles sont produictes par stupidité et bestise, dont il est dict que la sagesse et la bestise se rencontrent en mesme poinct de goust, et resolution à la souffrance des accidens humains. Il est donc très dangereux de juger de la probité ou improbité d’un homme par les actions : il faut sonder au dedans quels ressorts causent ce mouvement et donnent le bransle : les meschans font souvent de bonnes et belles choses, les bons et les meschans se gardent pareillement de mal faire : (…). Parquoy, pour descouvrir et sçavoir quelle est la vraye preud’homie, il ne se faut arrester aux actions, ce n’est que le marc et le plus grossier, et souvent une happelourde et un masque : il faut penetrer au dedans et sçavoir le motif qui faict jouer les cordes, qui est l’ame et la vie qui donne le mouvement à tout. C’est par là qu’il faut juger ; c’est à quoy un chascun doibt pourvoir qu’il soit bon et entier, c’est ce que nous cherchons. La preud’homie, communement estimée la vraye, tant preschée et recommandée du monde, de laquelle font profession expresse ceux qui ont le tiltre et la reputation publicque d’estre gens de bien et les plus entiers, est scholastique et pedantesque, serve des