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et luy fasse faire le sot, c’est trop ; c’est la piece souveraine et derniere qui doibt tousiours maintenir son authorité, et faut candidement et de bonne foy recognoistre le bien qui est aux adversaires, et le mal qui est en ceux que l’on suyt. Hors le nœud du debat et le fonds, il faut garder equanimité et indifference, et n’allonger poinct sa cholere au-delà des affaires. Voylà les maux que nous apporte ceste trop grande affection à quelque chose que ce soit : par-tout, voire à estre bon et sage, il y peust avoir du trop. Mais pour tenir reigle en cecy, il se faut souvenir que la principale et plus legitime charge que nous avons, c’est à chascun sa conduicte. C’est pourquoy nous sommes icy, nous debvons nous maintenir en tranquillité et liberté. Et pour ce faire, le souverain remede est de se prester à autruy et ne se donner qu’ à soy, prendre les affaires en main non à cœur, s’en charger et non se les incorporer, soigner et non passionner, ne s’attacher et mordre qu’ à bien peu, et se tenir tousiours à soy. Ce conseil ne condamne poinct les offices deubs au public, à ses amys, à son prochain, tant s’en faut ; l’homme sage doibt estre