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uns ne font que se mocquer et gausser, pensant assez monstrer la verité et sagesse, en se mocquant de l’erreur et folie. Ils se rient du monde, car il est ridicule ; ils sont plaisans, mais ils ne sont pas assez bons et charitables. Les autres sont foibles et poureux ; ils parlent bas et à demy bouche ; ils desguysent leur langage, ils meslent et estouffent leurs propositions, pour les faire passer tout doucement parmy tant d’autres choses, et avec tant d’artifice, que l’on ne les apperçoit quasi pas. Ils ne parlent pas sec, distinctement, clairement, et acertes, mais ambiguement comme oracles. Je viens après eux et au dessoubs eux ; mais je dis de bonne foy ce que j’en pense et en croy clairement et nettement. Je ne doubte pas que les malicieux, gens de moyen estage, n’y mordent : et qui s’en peust garder ?