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publicques, ausquelles et à chascune d’icelles ont esté donnez advis et remedes pour le regard du prince ; maintenant il en faut donner pour les particuliers. Cecy ne se vuide pas en un mot : il y a deux questions ; l’une, s’il est loysible à l’homme de bien de prendre party, ou demeurer coy ; l’autre, en tous les deux cas, c’est-à-dire estant d’un party, ou n’en estant poinct, comment l’on s’y doibt comporter. Quant au premier poinct, il se propose pour ceux qui sont libres, et ne sont encore engagez à aucun party ; car, s’ils y sont jà engagez, ceste premiere question n’est pour eux : ils sont renvoyez à la seconde. Je dis cecy, à cause que l’on peust bien estre d’un party, non par choix et dessein, voire que l’on n’approuve pas, mais pource que l’on s’y trouve tout porté et attaché par très grandes et puissantes liaisons, que l’on ne peust honnestement rompre, qui couvrent et excusent assez, estant naturelles et equivalentes. Or la premiere question a des raisons et exemples contraires. Il semble, d’une part, que l’homme de bien ne sçauroit mieux faire que de se tenir coy ; car il ne sçauroit s’immiscer à aucun party sans faillir, pource que toutes ces divisions sont illegitimes de soy, et ne peuvent estre meinées ny subsister sans inhumanité et injustice.