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cour, pour sçavoir force nouvelles : mais non par des factions importantes, qu’il faut estouffer dès leur naissance, et leurs marques, noms, habillemens, soubs-riquets, qui sont quelquesfois semences de vilains effects ; tesmoin le grand embrasement et les grands meurtres advenus en Constantinople pour les couleurs de verd et bleu, soubs Justinien ; deffendre les assemblées secrettes qui peuvent servir à cela. Les advis sur ce sont : si la faction est entre deux seigneurs, le prince taschera, par douceur de paroles, ou menaces, les accorder, comme fit Alexandre Le Grand entre Ephestion et Craterus, et Archidamus entre deux de ses amis ; s’il ne peust, il leur doibt donner des arbitres non suspects ny passionnez. Le mesme doibt-il faire si la faction est entre plusieurs subjects, ou villes et communautez. S’il faut que luy-mesme parle, il le fera avec conseil appellé pour esviter l’envie et la hayne des condamnez. Si la faction est entre gens qui sont en fort grand nombre, et qu’elle soit si forte qu’elle ne se puisse appaiser par justice, le prince y employera la force pour l’esteindre du tout : mais il se gardera bien de se monstrer affectionné à l’un plus qu’ à l’autre ; car à cela y a grand