Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/412

Cette page n’a pas encore été corrigée

non le premier. Il vaut mieux, disoit-il, mourir une fois, que demeurer tousiours en transse et en fievre continuë d’un accident qui n’a poinct de remede ; et faut en tout cas remettre tout à Dieu. Ceux qui ont prins autre chemin, et ont voulu courir au-devant par supplices et vengeances, très rarement s’en sont bien trouvez, et n’ont pour cela eschappé : tesmoin tant d’empereurs romains. Mais la conjuration descouverte, la verité trouvée, que faut-il faire ? Punir bien rigoureusement les conjurez : espargner telles gens, c’est trahir cruellement le public. Ils sont ennemis de la liberté, bien et repos de tous : la justice le requiert. Si est-ce qu’il y faut de la prudence ; et ne s’y faut porter tousiours et par-tout de mesme façon. Quelquesfois il faut soudainement executer, mesmement s’il y a petit nombre de conjurez. Mais soit en petit ou grand nombre, il ne faut par gehennes et tortures vouloir sçavoir les complices (si autrement et secrettement l’on les peust sçavoir, et faire mine de ne les sçavoir, est bon) ; car l’on chercheroit ce que l’on ne voudroit pas trouver. Il suffit que, par la punition d’un petit nombre, les bons subjects soyent contenus en leur debvoir, et destournez ceux qui ne sont pas ou pensent n’estre pas decelez. Vouloir tout sçavoir par tortures, c’est exciter