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long, et expressement les descrivant ; et puis donnant en chascun les advis pour le souverain, et à la fin de tous les donnerons pour les particuliers. Conjuration est une conspiration et entreprinse d’un ou plusieurs contre la personne du prince ou l’estat ; c’est chose dangereuse, mal aisée à esviter ou remedier, pource qu’elle est couverte et cachée. Comment se peust-l’on sauver d’un ennemy couvert du visage du plus officieux amy ? Comment peust-on sçavoir les volontez et pensées d’autruy ? Et puis celuy qui mesprise sa vie est maistre de celle d’autruy : contemnit omnes ille qui mortem prius . Tellement que le prince est exposé à la mercy d’un particulier, quel qu’il soit. Les advis et remedes sur ce sont : 1 une secrette recherche et contremine par gens propres à cela, fideles et discrets, qui sont les yeux et les oreilles du prince ; faut descouvrir tout ce qui se dict et se faict, specialement par les principaux officiers. Les conjurateurs volontiers diffament çà et là le prince, ou prestent l’oreille à ceux qui le blasment et accusent. Il faut donc sçavoir les discours et propos que l’on tient du prince, et hardiment proposer recompense en deniers