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couards : (…). Estant venu aux mains, si l’armée bransle, faut que le general tienne ferme, fasse tout debvoir d’un chef resolu et brave gendarme, courir au devant des estonnez, arrester le reculans, se jetter en la presse, faire cognoistre à tous, siens et ennemis, que la teste, la main, la langue, ne luy tremblent poinct. Si elle a du meilleur et le dessus, la retenir, qu’elle ne s’espande et se desbande par trop à poursuyvre obstinement les vaincus. Il est à craindre, ce qui est advenu souvent, qu’en reprenant cœur ils jouent au desespoir, fassent un effort et deffassent les vaincqueurs : c’est une violente maistresse d’eschole que la necessité : (…). Leur faut plustost donner passage et faciliter leur fuyte ; encore moins permettre s’amuser au butin, si vous estes vaincqueur. Il faut user de la victoire prudemment, affin qu’elle ne tourne en mal. Parquoy ne la faut salir de cruauté en ostant à l’ennemy tout espoir ; car il y auroit du danger