Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/381

Cette page n’a pas encore été corrigée

que le soldat doibt plus craindre son chef que l’ennemy. Or ceste discipline doibt tendre à deux fins : à rendre les soldats vaillans et gens de bien ; et ainsi elle a deux parties, la vaillance et les moeurs. à la vaillance trois choses servent ; l’exercice assidu aux armes, auquel il les faut contenir sans relasche : c’est d’où est venu le mot latin exercitus , qui signifie armée. Cest exercice des armes est une instruction à les bien manier et s’en servir, se dresser aux combats, tirer bien des armes, dextrement s’ayder du bouclier, discourir et se representer tout ce qui peust advenir aux combats, et venir à l’essay, comme en bataille rangée : proposer prix aux plus adroicts pour les eschauffer. Le travail, qui est tant pour les endurcir à la peine, à la sueur, à la poussiere, (…), que pour le bien et service de l’armée et fortification du camp, dont les faut apprendre à bien fossoyer, planter une palissade, dresser une barricade, courir, porter fardeaux poysans ; ce sont choses necessaires, tant pour se deffendre que pour presser et enclorre l’ennemy. L’ordre, qui est de grand usage, et doibt estre en plusieurs façons gardé en la guerre : premierement, en la distribution des