Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/374

Cette page n’a pas encore été corrigée

les garnisons des frontieres qui peuvent estre assiegées. La seconde chose requise à faire la guerre sont les hommes propres à assaillir et à deffendre. Il les faut distinguer. La premiere distinction est en soldats ou gendarmes, et chefs ou capitaines. Il en faut de tous les deux. Les soldats sont le corps, les chefs sont l’ame, la vie de l’armée, qui donnent mouvement et action. Or nous parlerons icy premierement des gendarmes et soldats, qui font le gros. Il y en a de diverses sortes ; il y a les pietons et les gens de cheval, les naturels du pays et les estrangers, les ordinaires et les subsidiaires. Il les faut premierement tous comparer ensemble, pour sçavoir qui sont meilleurs et à preferer ; et puis nous verrons comment il les faut bien choisir, et après les gouverner et discipliner. En ceste comparaison tous ne sont d’accord. Les uns, mesme les rudes et barbares, preferent les gens de cheval aux pietons, les autres au contraire. L’on peust dire que les pietons tout simplement et absolument sont meilleurs ; car ils servent et tout du long de la guerre, et en tous lieux, et en tous affaires ; là ou aux lieux montueux, scabreux et estroicts, et à assieger places, la cavalerie y