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Le second est la constance, qui est une fermeté et resolution, par laquelle le prince marchant tousiours de mesme pied, sans varier ny changer, maintient tousiours et presse l’observation des loix et coustumes anciennes. Le changer et r’adviser, outre que c’est argument d’inconstance et irresolution, apporte, et aux loix, et au souverain, et à l’estat, du mespris et mauvaise opinion. Dont les sages deffendent tant de rien remuer et rechanger aux loix et coustumes, fust-ce en mieux ; car le remuement apporte tousiours plus de mal et d’incommodité, outre l’incertitude et le danger, que ne peust apporter de bien la nouveauté. Parquoy tous novateurs sont suspects, dangereux, et à chasser. Et n’y peust avoir assez forte et suffisante cause ou occasion de changer, si ce n’est une très grande, evidente et certaine utilité, ou necessité publicque. Et en ce cas encore faudroit-il y proceder comme d’aguet, doucement et lentement, peu à peu, et quasi insensiblement, leniter et lente . Le troisiesme est à tenir tousiours ferme en main le timon de l’estat, les resnes du gouvernement, c’est-