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de la main ; mais bien permettre la traitte des ouvrées ; et au contraire permettre l’apport des cruës et non des ouvrées : et en toutes choses charger beaucoup plus l’estranger que le subject ; car l’imposition foraine grande accroist les finances, et soulage le subject : moderer toutesfois les imposts sur les choses necessaires à la vie que l’on apporte. Ces quatre moyens sont non seulement permis, mais justes, legitimes et honnestes. Le cinquiesme, qui n’est gueres honneste, est le trafic que le souverain faict par ses facteurs ; et s’exerce en diverses manieres plus ou moins laides ; mais le plus vilain et pernicieux est des honneurs, estats, offices, benefices. Il y a bien un moyen qui approche du trafic ; et pour ce peust-il estre mis en ce rang, qui n’est pas fort deshonneste, et a esté practiqué par de très grands et sages princes, qui est de mettre les deniers de l’espargne et de reserve à quelque petit profict, comme à cinq pour cent, et les bien asseurer soubs bons gages, ou caution suffisante et solvable.