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et n’oyt que bien peu. Or les roys ont besoin de beaucoup d’yeux et de beaucoup d’oreilles. Les grands fardeaux et les grands affaires ont besoin de grandes aydes. Parquoy il luy est requis de se pourvoir et garnir de bon conseil et de gens qui le luy sçachent donner : et celuy, quel qu’il soit, qui veust tout faire de soy, est tenu pour superbe plustost que pour sage. Le prince a donc besoin d’amis fideles et serviteurs qui soyent ses aydes, (…). Ce sont ses vrays thresors et les instrumens très utiles de l’estat. à quoy sur-tout il doibt travailler de les choisir et les avoir bons, et y employer tout son jugement. Il y en a de deux sortes : les uns luy aydent de leur esprit, conseil et langue, et sont dicts conseillers ; les autres le servent de leurs mains et leurs faicts, et peuvent estre dicts officiers. Les premiers sont beaucoup plus honorables : car, ce disent les deux plus grands philosophes, c’est une chose sacrée