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grand d’offenser que de hayr : les autres vertus sont moins royales et plus communes. Après la vertu viennent les mœurs, façons et contenances qui servent et appartiennent à la majesté très requise au prince. Je ne m’arreste poinct icy ; seulement, comme en passant, je dis que la nature faict beaucoup à cecy, mais aussi l’art et l’estude. à cecy appartient la bonne et belle composition de son visage, son port, son pas, son parler, ses habillemens. La reigle generalle en tous ses poincts est une douce, moderée et venerable gravité, cheminant entre la craincte et l’amour, digne de tout honneur et reverence. Il y a aussi sa demeure et sa hantise : la demeure soit en lieu magnifique et fort apparent, et tant près que se pourra du milieu de tout l’estat, affin d’avoir l’œil sur tout, comme un soleil, qui tousiours du milieu du ciel esclaire par-tout ; car se tenant en un bout, il donne occasion au plus loin de plus hardiment se remuer, comme se tenant sur un bout d’une grande peau, le reste se leve. Sa hantise soit rare ; car beaucoup se monstrer et se communiquer, ravalle la majesté : (…).