Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/308

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui amusent et trompent les petits enfans et les malades pour leur santé. Bref faisant à couvert ce que l’on ne peust ouvertement, joindre la prudence à la vaillance, apporter l’artifice et l’esprit où la nature et la main ne suffict : estre, comme dict Pindare, lyon aux coups, et renard au conseil ; colombe et serpent, comme dict la verité divine. Et pour traicter cecy plus distinctement, est requise au souverain la deffiance, et se tenir couvert, sans toutesfois s’eflongner de la vertu et l’equité. La deffiance, qui est la premiere, est du tout necessaire ; comme sa contraire, la credulité et lasche fiance, est vicieuse et très dangereuse au souverain. Il veille et doibt respondre pour tous ; ses fautes ne sont pas legeres : parquoy il y doibt bien adviser. S’il se fie beaucoup, il se descouvre et s’expose à la honte et à beaucoup de dangers, (…) ; voire il convie les perfides et les trompeurs, qui pourroient, avec peu de danger et beaucoup de recompense, commettre de grandes meschancetez : (…).