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Or combien que la semence de prudence, comme des autres vertus, soit en nous de nature ; si est-ce qu’elle s’acquiert et s’apprend plus que toute autre, et ce aucunement par preceptes et advis, c’est la theorique, mais beaucoup mieux, et principalement (combien qu’avec plus de temps) par experience et practique, qui est double : l’une et la vraye est la propre et personnelle dont elle en porte le nom, c’est la cognoissance des choses que nous avons veuës ou maniées ; l’autre est estrangere par le faict d’autruy, c’est l’histoire que nous sçavons par ouyr dire ou par lecture. Or l’experience et l’usage est bien plus ferme et plus asseuré : (…), le pere et le maistre des arts, mais plus long ; il est vieil, seris venit usus ab annis,

plus difficile, penible, rare. La science de l’histoire, comme elle est moins ferme et asseurée, aussi est-elle plus aisée, plus frequente, ouverte et commune à tous. On se rend plus resolu et asseuré à ses despens, mais il est plus facile aux des