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sa sottise : (…). Or estant ainsi necessaire et inevitable, non seulement ne sert de rien de la craindre : mais faisant de necessité vertu, il la faut accueillir et recepvoir doucement ; car il est plus commode d’aller à la mort que si elle venoit à nous, et la prendre que si elle nous prenoit. Tiercement c’est une chose raisonnable et juste que de mourir : c’est raison d’arriver au lieu où l’on ne cesse d’aller ; si l’on y crainct d’arriver, il ne faut pas cheminer, mais s’arrester ou rebrousser chemin, ce que l’on ne peust. C’est raison que tu fasses place aux autres, puis que les autres te l’ont faict : si vous avez faict vostre profict de la vie, vous estes repeu et satisfaict ; allez vous-en, comme celuy qui, appellé en un banquet, a prins sa refection. Si vous n’en avez sceu user et qu’elle vous soit inutile, que vous chaut-il de la perdre ? à quoy faire la voulez-vous encore ? C’est une debte qu’il faut payer, c’est un depost qu’il faut rendre à toute heure qu’il est redemandé. Pourquoy playdez-vous contre vostre cedule, vostre foy, vostre debvoir ?