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avant sa mort, tellement qu’il n’y aye plus rien à faire qu’ à mourir ; que l’on n’aye plus besoin de rien, ny du temps, ny de soy-mesme, mais tout saoul et content que l’on s’en aille : tiercement, que ce soit volontairement ; car bien mourir c’est volontiers mourir. Il semble que l’on se peust porter à l’endroict de la mort en cinq manieres : la craindre et fuyr comme un très grand mal ; l’attendre doucement et patiemment comme chose naturelle, inevitable, raisonnable ; la mespriser comme chose indifferente et qui n’importe de beaucoup ; la desirer, demander, chercher, comme le port unique des tourmens de ceste vie, voire un très-grand gain ; se la donner soy-mesme. De ces cinq les trois du milieu sont bons, d’ame bonne et rassise, bien que diversement et en differente condition de vie ; les deux extremes vicieux et de foiblesse, bien que soit à divers visages : de chascune nous parlerons. La premiere n’est approuvée de personne d’entendement, bien qu’elle soit practiquée par la pluspart, tesmoignage de grande foiblesse. Contre ceux-là et pour consolation contre la mort sienne advenir, ou celle d’autruy, voyci de quoy. Il n’y a chose que les hu