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logeant en eux-mesmes, et comme en leurs moëlles, les corps de leurs peres et leurs reliques, les vivifiant aucunement, et regenerant par la transmutation en leur chair vifve, par le moyen de la digestion et du nourrissement. Ces raisons ne seront pas trop legeres à qui ne sera prevenu d’opinion contraire, et est aisé à considerer quelle cruauté et abomination c’eust esté à ces gens-là de voir tant souffrir devant leurs yeux leurs parens en douleur et en langueur, sans les secourir, et puis jetter leurs despouilles à la corruption de la terre, à la puantise et nourriture des vers, qui est tout le pire que l’on pourroit faire. Darius en fit l’essay, demandant à quelques grecs pour combien ils voudroient prendre la coustume des indiens, de manger leurs peres trespassez, qui respondirent, pour rien du monde : et s’estant essayé de persuader aux indiens de brusler les corps de leurs peres comme les grecs, y trouva encore plus d’horreur et de difficulté. J’en adjousteray encore un autre qui n’est que