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La sagesse est un maniement reiglé de nostre ame, avec mesure et proportion : c’est une equabilité et une douce harmonie de nos jugemens, volontez, mœurs, une santé constante de nostre esprit : et les passions au rebours ne sont que bonds et volées, accez et recez fievreux de folie, saillies et mouvemens violens et temeraires. Nous avons assez despeinct les passions au livre precedent, pour les avoir en horreur : les remedes et moyens de s’en deffaire et les vaincre, generaux (car les particuliers contre chascune seront au troisiesme livre en la vertu de force et temperance), sont plusieurs et differens, bons et mauvais ; et c’est sans compter ceste bonté et felicité de nature, si bien attrempée et assaisonnée, qui nous rend calmes, sereins, exempts et nets de passions fortes et mouvemens violens, et nous tient en belle assiette, equable, unis, fermes et acerez contre l’effort des passions, chose très rare. Cecy n’est pas remede contre le mal ; c’est exemption de mal, et la santé mesme : mais des remedes contre icelles, nous en pouvons remarquer quatre. Le premier, impropre et nullement loüable, est une stupidité et insensibilité à ne sentir et n’apprehender poinct les