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tous ces advis nous pouvons dire qu’il y a deux grands remedes contre tous maux et adversitez, lesquels reviennent presque à un : l’accoustumance pour le vulgaire grossier, et la meditation pour les sages. Tous deux sont prins du temps, l’emplastre commun et très puissant à tous maux ; mais les sages le prennent avant la main, c’est la prevoyance ; le foible vulgaire après. Que l’accoustumance puisse beaucoup, nous le voyons clairement, en ce que les choses plus fascheuses se rendent douces par l’accoustumance. Les forsats pleurent quand ils entrent en la galere, au bout de trois mois ils y chantent. Ceux qui n’ont pas accoustumé la mer pallissent mesme en temps calme, quand on leve l’ancre, et les matelots rient durant la tempeste ; la femme se desespere à la mort de son mary, dedans l’an elle en ayme un autre. Le temps et l’accoustumance faict tout : ce qui nous offense est la nouveauté de ce qui nous arrive : (…). La meditation faict