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et en horreur les adversitez et afflictions, ils les appellent maux et malheurs, et très grands maux, combien que toutes choses externes ne soyent bonnes ny mauvaises : jamais les adversitez ne firent meschant un homme, mais plustost ont profité et servy à reduire les meschans, et sont communes aux bons et aux meschans. Certes les fleaux et tristes accidens sont communs à tous, mais ils ont bien divers effects, selon la main qu’ils rencontrent. Aux fols et reprouvez ils ne servent que de desespoir, de trouble et de rage : ils les font bien (s’ils sont pressans et extremes) bouquer, crier à Dieu, et regarder au ciel ; mais c’est tout, car ils n’en valent pas mieux. Aux errans et delinquans sont autant d’instructions vifves, et de compulsoires, pour les ramentevoir de leur debvoir, et leur faire recognoistre Dieu. Aux gens de vertu sont lices et tournois pour jouster et exerciter leur vertu, se recommander plus et s’allier à Dieu. Aux prudens, matiere de bien, et quelquesfois planches pour passer, et monter en toute hauteur et grandeur, comme il se lit