Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/172

Cette page n’a pas encore été corrigée

indigent ; car par-tout il se trouve de quoy les contenter : nature se contente de peu, et a tellement pourveu, que, par-tout, ce qui suffit nous est en main : (…). C’est ce que nature demande pour la conservation de son estre ; c’est une faveur dont nous debvons remercier la nature, qu’elle a rendu les choses necessaires pour nostre vie, faciles à trouver, et faict que celles qui sont difficiles à obtenir ne nous sont poinct necessaires ; et cherchant sans passion ce que nature desire, la fortune ne nous en peust priver. à ce genre de desirs l’on pourra adjouster et rapporter (combien qu’ils ne soyent vrayement et à la rigueur naturels, mais ils viennent incontinent après) ceux qui regardent l’usage et la condition d’un chascun de nous, qui sont un peu au-delà, et plus au large que les exactement naturels ; et après eux sont justes et aussi legitimes. Les autres sont outre nature, procedans de nostre opinion et fantasie, artificiels, superflus, et vrayement passions, que nous pouvons, pour les distinguer par nom des autres, appeller cupiditez, desquelles a esté cy-dessus amplement parlé aux