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de nous donner quelque chose, puis que nous avons en main si beau moyen d’y pourvoir. Pourquoy demanderay-je plustost à autruy qu’il me donne, qu’ à moy que je ne desire ? (…) ? Si je ne puis et ne veux obtenir de moy de ne desirer poinct, pourquoy et de quel front iray-je presser et extorquer de celuy sur lequel je n’ay aucun droict ny pouvoir ? Ce sera donc icy la reigle premiere aux desirs et plaisirs que le (peu) ou bien la mediocrité et suffisance, qui contentera le sage, et le tiendra en paix. C’est pourquoy j’ay prins pour ma devise paix et peu . Au fol n’y a poinct d’assez, rien de certain, de content. Il ressemble à la lune qui demandoit à sa mere un vestement qui luy fust propre : mais il luy fust respondu qu’il ne se pouvoit ; car elle estoit tantost grande, tantost petite, et tousiours changeante. L’autre poinct, fort germain à cestuy-ci, est (naturellement.) car nous sçavons qu’il y a deux sortes de desirs et plaisirs : les uns naturels ; ceux-cy sont justes et legitimes, sont mesmes aux bestes, sont limitez et courts, l’on en void le bout ; selon eux, personne n’est