Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est un grand office de sagesse, sçavoir bien moderer et reigler ses desirs et plaisirs ; car d’y renoncer du tout, tant s’en faut que je le requiere en mon sage, que je tiens ceste opinion non seulement fantasque, mais encore vicieuse et desnaturée. Il faut donc premierement refuter ceste opinion qui extermine et condamne totalement les voluptez, et puis apprendre comment il s’y faut gouverner. C’est une opinion plausible, et estudiée par ceux qui veulent faire les entendus, et professeurs de singuliere saincteté, que mespriser et fouler aux pieds generallement toutes sortes de plaisirs et toute culture du corps, retirant l’esprit à soy, sans avoir commerce avec le corps, l’elevant aux choses hautes, et ainsi passer ceste vie comme insensiblement, sans la gouster ou y estre attentif. à ces gens ceste phrase ordinaire de passer le temps convient fort bien ; car il leur semble que c’est très bien user et employer ceste