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Parlons premierement du mal externe ; nous avons desia cy-devant assez amplement et au vif depeinct le naturel populaire, les humeurs estranges du monde et du vulgaire ; par où il est aisé de sçavoir ce qui peust sortir de luy : car, puis qu’il est idolastre de vanité, envieux, malicieux, injuste, sans jugement, discretion, mediocrité, que peust-il deliberer, opiner, juger, resouldre, dire ny faire bien et à droict ? Nous avons aussi, comme par exemple, rapporté et cotté (en representant la misere humaine) plusieurs grandes fautes que commet generallement le monde en jugement et en volonté ; par où il est aisé de cognoistre qu’il est tout confit en erreur et en vice. à quoy s’accordent les dires de tous les sages, que la pire part est la plus grande ; de mille n’en est pas un bon ; le nombre des fols est infiny, la contagion est très dangereuse en la presse.