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s faict mal. Il nous faut donc resouldre de luy obeyr, et prendre en gré tout ce qui vient de sa main, nous commettre et soubsmettre à luy. Il faut puis après l’honorer. La plus belle et saincte façon de ce faire est premierement de lever nos esprits de toute charnelle, terrienne et corruptible imagination, et, par les plus chastes, hautes et sainctes conceptions, nous exercer en la contemplation de la divinité ; et, après que nous l’aurons orné de tous les noms et loüanges les plus magnifiques et excellens que nostre esprit se peust imaginer, nous recognoissions que nous ne luy avons encore rien presenté digne de luy, mais que la faute est en nostre impuissance et foiblesse, qui ne peust rien concepvoir de plus haut ; Dieu est le dernier effort de nostre imagination vers la perfection, chascun en amplifiant l’idée suyvant sa capacité ; et, pour mieux dire, Dieu est infiniment par dessus tous nos derniers et plus hauts efforts et imaginations de perfection.