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La religion est en la cognoissance de Dieu et de soy-mesme (car c’est une action relatifve entre les deux) : son office est d’elever Dieu au plus haut de tout son effort, et baisser l’homme au plus bas ; l’abattre comme perdu, et puis luy fournir des moyens de se relever, luy faire sentir sa misere et son rien, affin qu’en Dieu seul il mette sa confiance et son tout. L’office de religion est nous lier avec l’autheur et principe de tout bien, reunir et consolider l’homme à sa premiere cause comme en sa racine, en laquelle, tant qu’il demeure ferme et fiché, il se conserve à sa perfection : au contraire, quand il s’en separe, il seiche aussitost sur le pied. La fin et l’effect de la religion est de rendre fidelement tout l’honneur et la gloire à Dieu, et tout le profict à l’homme : tous biens reviennent à ces deux choses. Le profict, qui est un amendement et un bien essentiel et interne, est deu à l’homme vuide, necessiteux, et de tous poincts miserable : la gloire, qui est un ornement accessoire et externe, est deue à Dieu seul, qui est la perfection et la plenitude de tous