Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/140

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ressemblons au mal advisé mary, coiffé de quelque vilaine rusée, avec laquelle il se faict plus, à cause de ses mignotises et artifices, qu’avec son honneste espouse, qui l’honore et le sert avec une pudeur simple et naïfve : ainsi nous plaist plus la superstition que la religion. Elle est aussi populaire, vient de foiblesse d’ame, d’ignorance ou mescognoissance de Dieu bien grossiere ; dont elle se trouve plus volontiers aux enfans, femmes (…), vieillards, malades, assaillis et battus de quelque violent accident. Bref aux barbares : (…). C’est d’elle donc, et non de la vraye religion, qu’il est vray ce que l’on dict après Platon, que la foiblesse et lascheté des hommes a introduict et faict valoir la religion ; dont les enfans, femmes et vieillards, seroient plus susceptibles de religion, plus scrupuleux et devotieux : ce seroit faire tort à la vraye religion, que luy donner une si chetifve cause et origine. Outre ces semences et inclinations naturelles à la superstition, plusieurs luy tiennent la main et la favorisent pour le gain et profict grand qu’ils en tirent. Les grands aussi et puissans, encore qu’ils sçachent ce qui en est, ne la veulent troubler ny empescher, sçachant que c’est un outil très propre pour meiner