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Repentance est un desadveu et une desdite de la volonté, c’est une douleur et tristesse engendrée en nous par la raison, laquelle chasse toutes autres tristesses et douleurs qui viennent de causes externes. La repentance est interne, internement engendrée, par quoy plus forte que tout autre, comme le chaud et le froid des fievres est plus poignant que celuy qui vient de dehors. La repentance est la medecine des ames, la mort aux vices, la guarison des volontez et consciences, mais la faut bien cognoistre. Premierement elle n’est pas de tout peché, comme a esté dict, non de celuy qui est inveteré, habitué, authorisé par le jugement mesme, mais de l’accidental et advenu par surprinse ou par force, ny des choses qui ne sont pas en nostre puissance, desquelles y a bien regret et desplaisir, non repentir, ny ne doibt advenir en nous pour les issues mauvaises et contraires à nos conseils et desseins. Il est advenu autrement que l’on n’a pensé, conceu et advisé ; pour cela ne se faut repentir du conseil et de l’advis, si lors l’on s’y est porté comme l’on debvoit : car l’on ne peust pas deviner les issues ; si l’on les sçavoit, il n’y auroit lieu de consulter ; et ne faut jamais juger des conseils par les issues ; ny ne doibt