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et severe, comme Caton et les stoïciens, mais encore gaye, riante, enjouée, et, s’il est permis de dire, folastre. Sur la comparaison de ces trois il semble à aucuns (qui n’apperçoivent la hauteur et valeur du troisiesme) que le second de la vertu, à cause de ses difficultez, dangers, efforts, emporte l’honneur ; et, comme disoit Metellus, c’est chose par trop lasche et vilaine de mal faire : faire du bien où n’y a peine ny danger, c’est chose commune et trop aisée ; mais faire bien où y a du danger et peine, c’est le debvoir d’un homme de bien et de vertu : c’est le mot du divin philosophe, (…). Mais pour en dire au vray ce qui en est, outre que la difficulté, comme est dict par nous ailleurs, n’est pas vraye, ny juste et legitime cause d’estimer une chose, il est certain qu’en chose pareille le naturel vaut mieux que l’acquis ; qu’il est bien plus noble, plus excellent et divin d’agir par nature que par art ; aisement,