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dernier se peust appeller perfection ; luy et le premier de bonté se ressemblent, et sont differens du second en ce qu’ils sont sans bruict, sans peine, sans effort ; c’est la vraye teincture de l’ame, son train naturel et ordinaire, qui ne couste rien ; le second est tousiours en cervelle et en contraste. Ce dernier et parfaict, ou est octroyé par don et grace speciale du ciel, comme en Saint Jean-Baptiste et quelques autres ; ou acquis par un long estude et serieux exercice des reigles de la philosophie, joincte à une belle, forte et riche nature ; car il y faut tous les deux, le naturel et l’acquis. C’est à quoy estudioient ces deux sectes, la stoïciene et encore plus l’epicuriene (ce qui sembleroit estrange si Seneque et d’autres encore anciens ne l’attestoient), qui avoit pour ses jouets et esbats la honte, l’indigence, les maladies, les douleurs, les gehennes, la mort : non seulement ils mesprisoient, soustenoient patiemment et vaincquoient toutes aspretez et difficultez ; mais ils les recherchoient, s’en esiouissoient et chatouilloient, pour tenir leur vertu en haleine et en action, laquelle ils rendoient non seulement ferme, constante, grave