les autres, et vient tant
du naturel que de l’acquis ; selon laquelle y
a trois sortes de gens au monde, comme trois
classes et degrés d’esprits. En l’un et le plus
bas sont les esprits foibles et plats, de basse
et petite capacité, nais
[1]
pour obeir, servir et estre menés, qui, en effect, sont simplement hommes
[2]. Au second et moyen estage sont ceux
qui sont de mediocre jugement, font profession
de suffisance, science, habilité ; mais qui ne
se sentent et ne se jugent pas assez, s’arrestent
à ce que l’on tient communement, et l’on leur
baille du premier coup, sans davantage s’enquerir
de la verité et source des choses, voire
pensent qu’il ne l’est pas permis, et ne regardent
poinct plus loin que là où ils se trouvent ;
pensent que partout est ainsi, ou doibt estre ;
que si c’est autrement, ils faillent et sont
barbares. Ils s’asservissent aux opinions et loix
municipales du lieu où ils se trouvent deslors
qu’ils sont esclos, non seulement par observance
et usage, ce que tous doibvent faire,
mais encore de cœur et d’ame, et pensent que
ce que l’on croit en leur village est la vraye
touche de verité, (cecy ne s'entend de la verité divine revelée, ny de religion),
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DE LA SAGESSE,