poudre, cendre, terre, chair, sang, foin. Puis elle la
luy insinuë et faict sentir d’une très belle et noble façon, introduisant Dieu humilié, affoibli, abbaissé
pour l’amour de luy, parlant, promettant, jurant,
courrouçant, menaçant ; bref traittant et agissant avec
l’homme d’une maniéré basse, foible, humaine, ainsi
qu’un pere qui begaye et faict le petit avec ses petits :
estant telle, si grande, et invincible la foiblesse humaine, que pour lui donner quelque accès et commerce
avec la divinité, et l’approcher de Dieu, il a
fallu que Dieu se soit abbaissé au plus bas :
Deus quia in altitudine sua à nobis parvulis apprehendi non poterat, ideo se strant hominibus
[1].
Puis par effect ordinaire,
car tous les principaux et plus saincts exercices, les
plus solennelles actions de la religion, ne sont-ce
pas les vrays symptômes et argumens de la foiblesse
et maladie humaine ? Les sacrifices qui ont esté anciennement en usage par tout le monde, et encores
sont en quelques endroicts non-seulement, des bestes,
mais aussi des hommes vivans, voire des innocens,
n’estoit-ce pas des honteuses marques de l’infirmité
et misere humaine ? Premierement pour ce que
c’estoyent des enseignes et tesmoignages de sa condemnation
et malédiction (car c’estoyent des
protes-
- ↑ « Parce que Dieu, de la hauteur où il est élevé, ne pouvait être aperçu par des êtres aussi chétifs que nous sommes, il s'est abaissé jusqu'à nous ».