d’Androdus
[1] esclave son medecin,
qu’il ne voulsist toucher luy ayant esté
exposé, ce qu’Appion dict avoir veu à Rome.
Un elephant ayant, par cholere, tué son gouverneur,
par repentance ne voulust plus vivre,
boire, ny manger. Au contraire il n’y a
animal au monde injuste, ingrat, mescognoissant,
traistre, perfide, menteur et dissimulé,
au pris de l’homme. Au reste, puis que la
vertu est en la moderation de ses appetits, et
à brider les voluptés, les bestes sont bien
plus reiglées que nous, et se contiennent
mieux dedans les bornes de nature. Car non
seulement elles ne sont point touchées ny
passionnées de cupidités non naturelles,
superflues et artificielles, qui sont vicieuses
toutes, et infinies, comme les hommes qui y
sont pour la pluspart tous plongés : mais encore
aux naturelles, comme boire et manger,
l’accoinctance des masles et femelles, elles
y sont beaucoup plus moderées et retenues.
Mais pour voyr qui est plus vertueux et vicieux
de l’homme ou de la beste, et faire à
bon escient honte à l’homme devant la beste,
prenons la plus propre et convenable vertu de
l’homme, c’est, comme porte son nom, l’humanité ;
comme le
- ↑ La première édition ayant imprimé Androdus pour Androchus, ou plutot pour Androclès, par erreur typographique, toutes les autres éditions que j'ai sous les yeux, excepté celle de Dijon, ont répété cette faute ; mais il est évident que les lettres cl ont été prises pour la lettre d.