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de nature à m’apporter quelque consolation, c’est que, en dépit de la manière inintelligente dont est exécutée mon œuvre, celle-ci ne laisse pas que défaire sentir l’énergie qui est en elle, — cette fatale énergie qu’au Conservatoire de Leipzig on s’efforce avec tant de persévérance d’éteindre en soi-même, et à laquelle — châtiment — on ne sait comment résister quand elle vient d’ailleurs ! Aussi maintenant, ne puis-je plus prendre sur moi d’assister à la représentation d’une de mes œuvres, lorsque cette représentation est du genre de celle des Maîtres chanteurs, exécutés récemment à Leipzig,

En revanche, cet effet qui se perpétue d’une manière si incompréhensible me rassure sur le sort de notre musique classique. Elle aussi, en dépit des agissements pernicieux des musiciens dirigeants, conserve sa chaleur vivifiante. Il y a là quelque chose qu’ils sont impuissants à détruire ; il semble qu’une pareille conviction soit destinée à devenir, pour le génie allemand, une sorte de dogme consolant, où il puisera la foi indépendante et l’élan qui produisent la création originale.

Comment faut-il apprécier, comme musiciens