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à coucher par charité. Cette femme, les voyant tous si jolis, se mit à pleurer, et leur dit :

« Helas ! mes pauvres enfans, où estes-_vous venus ? Sçavez-vous bien que c’est ici la maison d’un ogre qui mange les petits enfans ?

– Helas ! Madame, luy répondit le Petit Poucet, qui trembloit de toute sa force, aussi bien que ses freres, que ferons-nous ? Il est bien seur que les loups de la forest ne manqueront pas de nous manger cette nuit si vous ne voulez pas nous retirer chez vous, et, cela étant, nous aimons mieux que ce soit Monsieur qui nous mange. Peut-estre qu’il aura pitié de nous si vous voulez bien l’en prier. »

La femme de l’Ogre, qui crut qu’elle pourroit les cacher à son mary jusqu’au lendemain matin, les laissa entrer, et les mena se chauffer auprés d’un bon feu : car il y avoit un mouton tout entier à la broche pour le soupé de l’Ogre.

Comme ils commençoient à se chauffer, ils entendirent heurter trois ou quatre grands coups à la porte : c’estoit l’Ogre qui revenoit. Aussi-tost sa femme les fit cacher sous le lit, et alla ouvrir la porte. L’Ogre demanda d’abord si